Rendre justice aux ateliers de joaillerie… Enfin !

 
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            POUR LA PETITE HISTOIRE…

Il y a maintenant un an de cela, j’entrais dans une très célèbre Maison de Joaillerie parisienne, Place Vendôme, pour admirer la collection de bijoux anciens que cette Maison donne à voir à ses fervents admirateurs.

Sans me cacher, j’annonce rapidement la couleur et dis que je suis du métier. Je rebondis sur l’histoire très romancée de la Maison et corrige certaines erreurs ou approximations, sous les yeux d’Eva, ma compagne, qui me regarde avec indulgence mais qui a malheureusement l’habitude de mes écarts…

Les pièces exposées sont choisies. Elles reflètent l’histoire de la Maison avec intelligence et on y lit en filigrane l’histoire de la joaillerie. En arrivant près d’un très beau bracelet, je regarde le jeune vendeur qui m’accompagne et lui dis : « c’est une très belle pièce, vous savez si le fabricant est André Vassort ? ». Il me répond : « Toutes les pièces ici ont été fabriquées par la Maison ».

J’insiste mais il ne comprend pas de quoi je parle. Après discussion, je comprends qu’il ne le sait pas mais de nombreuses pièces de la Maison sont en fait l’œuvre d’ateliers et de fabricants confidentiels.

            ET AUJOURD’HUI ALORS ?

Ces ateliers qui avaient des dessinateurs en interne, proposaient leurs productions aux grandes Maisons qui ensuite y apposaient leurs signatures en complément du poinçon de fabricant de l’atelier. Par tradition, les ateliers travaillent dans l’ombre, ne communiquent pas sur leurs donneurs d’ordre et il n’est jamais fait mention de leur travail dans les vitrines de la Place Vendôme.

Aujourd’hui, nombre de ces ateliers qui ont fait la gloire de la joaillerie française ont disparu ou ont été absorbés par lesdites Maisons. Le marketing de marque a contraint la création à un nombre limité de modèle et à une identité de marque très prononcée, limitant de fait la fonction de création qu’avaient les ateliers il y a encore une vingtaine d’années.

Certains continuent à travailler pour des marques qui n’ont pas internalisé la réalisation où se voient attribués la réalisation des pièces de Haute-Joaillerie, trop complexes ou trop chronophages. 

            OU TROUVER CES BIJOUX ? 

Ces bijoux ne sont pas signés mais ont une marque qui ne trompent jamais ; le poinçon de fabricant. Ainsi, sur certains bijoux cohabitent la signature, Van Cleef & Arpels, Boucheron, Cartier ou Hermès et un poinçon en forme de losange avec des lettres et un signe distinctif que l’on appelle le différend. Celui-ci est propre à chaque atelier et permet donc de l’identifier voire d’identifier la période de réalisation du bijou si le poinçon a évolué au fil du temps.

D’un point de vue du marché du bijou ancien, les collectionneurs ne se trompent plus. Nous pouvons nommer les noms d’André Vassort, de Georges Lenfant pour les bijoux de la deuxième partie du XXème siècle.

Ici le très beau bracelet Vendôme en or 18 carats est adjugé pour près de 8000€ soit plus de 10000 euros avec les frais !

 
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À PROPOS

La Maison Sapir vous assiste dans la vente de vos bijoux anciens ou d’occasion. Nos experts sont à votre disposition pour estimer gratuitement vos bijoux et les racheter, si vous le souhaitez, au prix le plus juste.

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Ici Sotheby’s Honk-Kong vend une paire de boucles d’oreilles en or 18 carats et diamants uniquement signées du poinçon d’André Vassort pour près de 9000€ avec les frais.

 
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Ou encore des grandes maisons des années 1930 qui sont devenus des signatures à part entière comme Verger Frères ou encore Strauss Allard et Meyer.

 
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Ici, chez Sotheby’s, une montre de style Art-Déco en or et diamants par Boucheron réalisée par Verger Frères.

Bien évidemment, les quelques noms cités ne visent pas l’exhaustivité, ils donnent un petit aperçu du savoir-faire de la joaillerie française. Cet article pourrait se prolonger sur des pages entières et chacun de ces ateliers mériterait un billet de blog (ou un livre entier).

Si pour les grandes Maisons les ateliers doivent rester dans l’ombre, à l’heure de l’uniformisation des goûts et de la joaillerie sans saveur, au moment où les savoirs se perdent au profit de la facilité, il serait peut-être temps, si ce n’est de les exposer pleinement, au moins de sortir de l’anonymat ces grands ateliers. Et à ma prochaine visite Place Vendôme, voir leurs noms écrits sur les cartels signifierait que les Maisons ont enfin compris que loin de diminuer leur image, cohabiter avec les grands ateliers l’enrichit.